Cet été, il aurait fallu que je me méfie de ce qui se cache dans le sable quand je marche. Pied gauche sur une guêpe, piqûre. Pied droit sur une vive –le seul poisson venimeux de l’hémisphère nord–, piqûre. Les années barcelonaises à éviter les méduses et les morceaux de verre ne m’ont pas servi. Nature 2 – Caroline 0.
Il y a trois ans, l’attention des journalistes et des supporters du Barça se portait sur le départ de Neymar pour le PSG. Il y eut du déni, comme le « se queda (il reste) » de l’un des capitaines du Barça. Il y eut des discussions sur les moyens financiers réels et supposés du club parisien. Mais personne ne parlait du nouveau contrat signé par Messi quelques semaines auparavant. Un contrat tellement avantageux que le Barça n’aurait jamais pu payer un salaire semblable à Neymar (salaire que le Brésilien a obtenu à Paris). Un contrat qui a occupé toute la presse footballistique mondiale en août quand Messi a prétendu le rompre. Un contrat en cachait un autre.
Il y a deux ans, Mariano Rajoy quittait son poste de premier ministre à la suite d’une motion de censure. Des dirigeants de son parti, le Partido Popular, étaient condamnés à des peines de prison pour avoir organisé le financement occulte du PP pendant 20 ans. La justice n’avait rien pu prouver contre Rajoy, entendu uniquement comme témoin. Mais personne ne parlait encore de la contre-enquête secrète et illégale dirigée par le n°2 du ministère de l’intérieur : une surveillance rapprochée de Luis Bárcenas, l’ancien trésorier du PP, responsable de la comptabilité officielle et de la comptabilité parallèle du parti, dès lors qu’il avait commencé à révéler aux policiers et aux juges comment l’argent de la corruption finançait le parti. Cet ancien n°2 affirme haut et fort que les ordres venaient de M. Rajoy. Un scandale en cachait un autre.
De l’eau froide contre le venin de la guêpe. De l’eau chaude contre le venin de la vire. Des solutions simples.
Quand je regarde tous les événements de 2020, je me demande ce qui se cache dans le sable, sur quoi et sur qui nous risquons de marcher. Les forêts brûlent, les sauterelles dévorent les récoltes, les glaciers fondent, des virus se multiplient, un astéroïde frôle la planète. Des enfants ne vont pas à l’école, manquent des repas ou des vaccins. Des réfugiés errent sur les routes de l’exil. La cupidité, la misère, la violence. Nos venins. Et peut-être, invisibles, des choses plus dangereuses sont encore cachées dans le sable.
Voilà mis en mots cette sensation pré-apocalyptique qui me taraude chaque fois que j’ouvre le journal. Un avenir hanté de méduses urticantes en perspective…
Avec l’anthropocène, ça sera les méduses d’abord et Godzilla ensuite…