Au coin sud-ouest du cimetière du Père-Lachaise, je traverse l’avenue Gambetta et les travaux de la nouvelle piste cyclable. J’emprunte la rue des Amandiers, tracée tel un arc de cercle. Au pied des immeubles, dans la rue peu fréquentée, j’observe les styles architecturaux qui se succèdent. Brique new yorkaise au croisement de la rue de Tlemcen, béton jaune-citron et pare-soleils noirs et ajourés un peu plus loin. Devant la façade de faïences multicolores du théâtre Les plateaux sauvages, pousse un de ces amandiers dont la rue porte le nom.
J’atteins ensuite la rue de Ménilmontant. Sur ma gauche, elle descend vers le centre de Paris et j’aperçois les tubes rouges et bleus de Beaubourg. Sur ma droite, elle grimpe encore. Voitures, bus, motos et vélos. Au feu, j’observe les cyclistes qui s’imaginent dans une étape de montagne du Tour de France.
Je contourne l’église Notre-Dame-de-la-Croix de Ménilmontant et passe devant une sympathique librairie peinte en rouge où, à chaque fois, je me promets de m’arrêter prendre un café. J’avance quelques pas, dans cette rue sans nom. Deux issues s’offrent à moi. Prendre à droite, et emprunter un morceau de la Petite Ceinture, cette ancienne voie de chemin de fer qui faisait le tour de Paris et dont des fragments sont réaménagés en parcs. Ou prendre à gauche, dans la rue de la Mare. J’opte pour celle-ci. Au pied des immeubles aux balcons fleuris, une nouvelle fresque orne un mur : un portrait sépia de Josette et Maurice Audin, deux militants de l’indépendance de l’Algérie.
Je marche dans la rue des Couronnes, jusqu’à croiser les escaliers du passage Plantin. Cela fait longtemps que je fais cette balade, je connais les raccourcis. J’emprunte les escaliers puis le passage avec ses petites maisons tranquilles. Un parfum de chèvrefeuille flotte dans l’air. Je regarde les derniers graffitis sur les murs. J’arrive dans la rue du Transvaal. Des voisins ont demandé à l’artiste Le Long de peindre leur garage et un poulpe vert-bleu s’étire sur le métal.
Sur ma gauche, au bout de la rue, j’arrive au belvédère de Belleville. La Tour Eiffel se dresse à l’horizon. En prêtant attention, il est aisé de retrouver le Louvre, la Grande Roue installée aux jardins des Tuileries, les tours du 15e arrondissement, etc. Je me rafraîchis à la fontaine Wallace bleu-roi qui orne la place. Ou je m’arrête dans l’un des restaurants qui se font face au coin de la rue du Transvaal et de la rue Piat. Sous les arcs du belvédère, je contemple une exposition sans cesse renouvelée de graffitis et de posters.
Je descends par le parc de Belleville, soit en empruntant les escaliers qui dégringolent sous les tonnelles recouvertes de jasmins et autres plantes, soit en parcourant les allées ombragées. Je m’arrête pour respirer l’odeur subtile des massifs de roses. En sortant du parc, je prends la rue Julien Lacroix sur la gauche et je retrouve vite l’église Notre-Dame-de-la-Croix, dont le clocher découpe le ciel bleu de la capitale. Un dernier coup d’œil à la place Maurice Chevalier, qui prend des airs de Provence avec ses platanes, et je retrouve le boulevard de Charonne et la foule parisienne.
Je fais souvent cette promenade. Dans le même sens et presque sans variation. Seule ou accompagnée. Mais toujours, toujours, quand mes pas s’éloignent du parc de Belleville, j’ai l’impression de revenir de voyage. Est-ce le renouveau de la nature ? Est-ce l’horizon interrompu ?
Rue Piat, dans l’entrée d’un bloc de HLM, les habitants ont composé deux gigantesques mosaïques de verre et de couleurs. Ils ont incorporé des photos d’eux, des silhouettes et des sourires. Un portrait de Mandela. Un symbole berbère. Un château, des fleurs et des palmiers. C’est le charme de cette balade, trouver de la beauté là où je ne l’attendais pas.
Encore une magnifique balade, merci Caroline 🙂
Merci Mirelle de m’avoir accompagné avec les mots 🙂
Merci Caroline très beau texte j’aime beaucoup tous c’est petits détails on a vraiment l’impression d’y être.
Objectif rempli alors 😉
Merci !
J’aime beaucoup et je partage tellement ces yeux qui trouvent ce que beaucoup veulent surtout ignorer… Merci pour ces moments.
Bleck
Merci Bleck pour ce compliment ! C’est ma manière de voir et de raconter, et je suis ravie de lire qu’elle est partagée 🙂