Les cerisiers en fleur inaugurent le printemps. Les Japonais disposent d’un mot, hanami, qui signifie admirer la floraison des cerisiers.
Je suis captivée par le cerisier japonais situé près de l’entrée nord du Jardin des Plantes, taillé comme un saule pleureur et dont le diamètre dépasse les 20 mètres. Mes yeux se nourrissent de sa beauté comme les abeilles du quartier se régalent du pollen des milliers de fleurs blanches et délicates. Je m’assois sur un banc sous les cerisiers qui poussent dans un jardin de mon quartier et je respire leur parfum subtil. De loin, leurs silhouettes ressemblent à des nuages vaporeux attachés à la terre par leurs troncs sombres. Un carré de cerisiers m’attend pour mes premiers pas dans le parc André Citroën.
À Washington DC, des centaines de cerisiers japonais poussent le long du bassin qui ferme le fleuve Potomac, près du National Mall, ce lieu qui regroupe les principales institutions de la capitale fédérale (Congrès, Maison Blanche), les plus grands musées de la ville et les monuments iconiques que sont le Lincoln Memorial, le Jefferson Memorial et le National Monument (l’Obélisque au centre du Mall). Les arbres ont été offerts aux États-Unis par le Japon au début du 20e siècle. Leur floraison décore les rives du bassin pendant quelques jours dans un nuage rose. Les télévisions locales suivent la météo des cerisiers et les touristes se précipitent dans la capitale fédérale pour admirer le spectacle. Un festival et une parade complète l’événement.
Pendant la 2ème guerre mondiale, certains patriotes américains ont menacé d’arracher les arbres un à un. Les cerisiers avait pris racine sur les rives du Potomac mais ils représentaient l’ennemi du moment, un cadeau diplomatique désormais honni. Les arbres ont été renommés Oriental cherry trees (cerisiers orientaux) plutôt que Japanese cherry trees (cerisiers japonais) pendant la durée de la guerre et ils ont été épargnés.
Quand je vivais à Washington DC, les cerisiers avaient retrouvé leur nom. Mais certains Américains voulaient rebaptiser les French fries (frites) en freedom fries (frites de la liberté) car la France avait refusé de participer à l’invasion américaine de l’Irak et que tout ce qui était français était vu avec suspicion. L’histoire des cerisiers japonais dans la ville prouvait l’absurdité de leurs objectifs.
Les arbres et les recettes de cuisine ne font pas de politique. Ils n’appartiennent pas à un camp. La beauté et le goût n’ont pas besoin de noms.
Merci pour cette magnifique histoire des cerisiers Caroline .Tout est subtile le petit côté page d’histoire est très instructif
Merci Yannis !