Un week-end de septembre, je passe les portes du Parc Floral de Paris, situé en bordure du bois de Vincennes, en compagnie de ma sœur et d’une amie du lycée. C’est notre sortie de la rentrée. Nous ferons le bilan des vacances et de la reprise. En fidèle du parc, je guide la balade.
Le Parc Floral est un ensemble d’espaces thématiques : le lac artificiel à l’entrée, les bassins de nénuphars et de lotus, les bonzaïs, la forêt de pins avec les fougères géantes, le jardin méditerranéen avec des lavandes et des roses. Les paons et les oies, véritables propriétaires du lieu, se promènent eux aussi.
Après le bosquet de pins, nous atteignons les trois massifs de dahlias. Chaque fin d’été, le jardin expose une collection de dahlias historiques, les plus beaux des années précédentes, et une sélection de nouvelles variétés.
Dans les allées, des panneaux expliquent les origines mexicaines des dahlias. Comme les Aztèques consommaient leurs racines, ils auraient pu finir dans nos assiettes. Mais les frittes de pommes de terre sont plus savoureuses et les dahlias, avec leur floraison tardive, ont été acclimatés en Europe comme plantes d’ornement.
Des décennies de croisements et de sélections expliquent les multitudes de couleurs et d’aspects. Dahlias blancs, jaunes, oranges, bleus, d’un pourpre si sombre qu’il paraît noir. Dahlias multicolores. Et des fleurs aux formes si différentes que les horticulteurs s’improvisent poètes : boutons d’or, étoiles, camélias, anémones, cactus ou orchidées. Les abeilles se régalent de pollen même si les fleurs n’ont pas de parfum : seules les feuilles, d’une couleur allant du vert amande au vert bouteille selon les variétés, ont une odeur poivrée.
À l’entrée du premier massif, celui des nouveautés, nous sommes encouragées à soumettre nos votes pour nos dahlias préférés. Les bulletins de vote font aussi l’objet de tirages au sort, réalisés toute la journée, pour gagner des compositions florales. Nous nous prenons au jeu, crayon à la main, pour choisir entre les 75 variétés participant au concours. Nous votons pour nos dahlias sur la base de leurs couleurs et de leurs formes et rions de cette élection si innocente.
Le temps d’un instant, nos sens sont happés par les fleurs. Nous observons leur beauté. Nous comparons leurs robes délicates, l’harmonie et le dessin. Nous nous laissons éblouir par leurs couleurs chatoyantes sous le soleil de la fin de l’été. Le temps d’un instant, à cet endroit du monde, les fleurs prennent le pouvoir.
Nous repartons les mains vides mais les cœurs légers, enchantées par la beauté d’un jardin. Nous n’avons pas gagné au tirage au sort. Une famille, une jeune femme italienne et de ses trois enfants, a remporté les lots offerts sur notre session de vote. Je l’ai entendue épeler son prénom à l’un des organisateurs dans son accent chantant. « Dalia », a‑t-elle dit, « sans le h ».
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