Dans une rame de métro qui traverse Paris d’est en ouest, j’ouvre un livre et je suis transportée au Caire, sur les rives du Nil.
L’Égypte figure en première place dans la liste des destinations dont je rêve. Cette fascination date de mon enfance, où j’étais happée par les hiéroglyphes, la mythologie et l’architecture de l’Égypte ancienne, intriguée par le contraste entre le ruban bleu et vert du fleuve et l’ocre du désert autour. Je feuilletais des magazines sur les secrets des pyramides, lisais les mythes des dieux à têtes d’animaux, riais devant le dessin animé Astérix et Cléopâtre. Le voyage était littéraire, déjà, avec Le roman de la momie de Théophile Gautier, les Britanniques vêtus de lin d’Agatha Christie dans Meurtre sur le Nil et surtout les héros du fabuleux Le huit de Katherine Neville qui arrivent en Égypte dans le sillage de l’armée napoléonienne. Aujourd’hui encore, j’observe avec émerveillement les salles consacrées à l’égyptologie dans tous les musées du monde, que je me trouve au Louvre, au British Museum ou au Met à New York. Des vases canopes, des amulettes ou un papyrus multicolore suffisent à mon imagination. Mes amis qui ont eu la chance de s’y rendre me montrent quelques photos et vidéos et je me promets de découvrir un jour ce pays.
A défaut de me rendre sur les rives du Nil, des livres font le voyage.
Je lis J’ai couru vers le Nil d’Alaa El Aswani. L’auteur brosse le portrait d’Égyptiennes et Égyptiens de toutes les classes sociales et tous les milieux avant et pendant la révolution égyptienne de 2011. Il y a les étudiants et les ouvriers, les manifestants et les généraux, les vedettes et les inconnus. J’ai eu l’impression de rattraper des années d’actualité en lisant quelques centaines de page et surtout, de plonger dans le quotidien des habitants du Caire. La description des repas, de leurs trajets quotidiens, de la chaleur suffocante de l’été, renforce la sensation d’être parmi eux, d’être témoin des événements de la place Tarir à leurs côtés.
Je poursuis -hasard des livres- par un roman de fantasy, The master of djinn (Maître des djinns dans sa traduction française), de l’Américain P. Djèlí Clark. L’intrigue se situe en 1912 au Caire, dans une réalité alternative à la nôtre, peuplée de djinns et des autres créatures magiques des contes. L’héroïne du roman, Fatma, une jeune femme travaillant au ministère de la magie, mène une enquête pour identifier les responsables de la mort d’une vingtaine de Britanniques appartenant à une société secrète. Quel plaisir de lire de la fantasy où figurent d’autres choses que les elfes, nains et autres ogres de Tolkien et ses héritiers ! Quelle joie de changer de décor ! Les dieux de l’Égypte ancienne veillent, un conte des Mille et une nuits apporte un indice précieux, les djinns sont archivistes ou perdent des fortunes en pariant sur les courses de dromadaires… le dépaysement m’attend à chaque page. L’auteur, qui est professeur d’histoire à l’université du Connecticut, partage sa passion pour l’Égypte et son histoire et semble, comme Alaa El Aswani, vouloir montrer la richesse et la pluralité de la société égyptienne, que celle-ci inclut ou non des créatures magiques.
Quand le conducteur RATP annonce « Balard Terminus », je relève les yeux de mon livre et je retrouve Paris et le métro. Le livre est une lampe magique et l’histoire qu’il contient, telle un djinn, a exaucé mon souhait le temps d’un trajet : me rendre sur les rives du Nil.
Image par Dezalb de Pixabay
L’Egypte est également une de mes prochaines destination j’espère, Passionné par L’Egypte Ancienne et d’ailleurs toute les civilisations qui ont fait la richesse de ce monde Hélas en Perdition
Merci Caroline pour ce joli texte
Merci Yannis pour votre fidélité aux lettres. Je nous souhaite à tous de pouvoir aller visiter l’Egypte 🙂