Haute fidélité (High fidelity en VO) est le deuxième livre de Nick Hornby. Son héros, Rob, disquaire et passionné de musique, se remémore ses relations sentimentales, avec ironie et les listes « top 5 » des chansons qui ont marqué sa vie. À vingt ans d’écart, les acteurs John Cusack et Zoë Kravitz ont interprété son rôle à l’écran.
Dans le monde de la musique, l’expression high fidelity décrit le souhait de l’amateur de musique d’une reproduction la plus exacte possible de l’original. Pour les industriels, le mot high fidelity, abrégé hifi ou hi-fi, est devenu la promesse d’un son de très grande qualité, diffusé grâce aux équipements qu’ils commercialisaient. Maintenant que j’écoute de la musique sur mon téléphone ou mon ordinateur, rares sont les occasions où j’allume la chaîne hifi qui trône dans mon salon avec ses baffles en bois et métal. Même si elle fait sûrement partie du top 5 des meilleurs cadeaux que j’ai reçus.
Les MP3 ne codifient pas assez de données pour garantir un bon son et le streaming sur Spotify offre une qualité inférieure aux MP3. Les enceintes de mon portable et les écouteurs de mon téléphone n’arrangent rien. Low fidelity. Je l’ai lu des dizaines de fois mais je ne l’entends pas… emportée à chaque fois par le son.
Adolescente, je me souvenais mieux des anecdotes racontées par mes professeurs pendant les cours que des explications sur mes pages de notes. Je pouvais passer des soirées à écouter la radio, musique ou matchs de football. J’écoute de la musique et des podcasts tous les jours et un livre audio m’accompagne dans mes balades. High fidelity.
Cette année nous éloigne les uns des autres. Depuis mars, je n’ai serré ma mère dans mes bras qu’une fois (le jour de mon anniversaire, toutes les deux masquées). La distance de sécurité est une mesure d’éloignement. Interdit de voir. Interdit de toucher. Mais je peux écouter les chansons qui me font danser depuis vingt ans ou depuis hier. Mais les voix familières de mes podcasts préférés sont comme des amis fidèles. Je ne m’éloigne pas de mes tympans.
Les compagnies de téléphonie ont confirmé ce que nous devinons tous : les appels téléphoniques (sur lignes fixes ou mobiles) ont augmenté. Il y a les SMS et les messages WhatsApp et les messageries des réseaux sociaux, toujours. Il y a Zoom, Facetime, Teams ou Gmail Hangouts, qui marient l’image et le son, aussi. Pourtant, nous serions meilleurs pour interpréter la communication non verbale, pour détecter l’état d’esprit réel de nos interlocuteurs, sans la vidéo. Comme si des millénaires à nous raconter des histoires dans l’obscurité nous avaient appris à interpréter les signes dans nos voix.
Il y a quelques jours, j’ai testé avec deux copines une nouvelle application web d’audioconférences. Dans un univers virtuel en 2D (un bureau, une maison, un jardin), les participants, représentés par leurs avatars (un cercle avec leurs noms en légende), se déplacent. Seuls peuvent se parler ceux qui se trouvent à proximité les uns des autres. Les participants plus lointains sont audibles seulement comme un murmure, ou pas du tout. L’objectif des créateurs de ce software ? Recréer plus fidèlement nos expériences : les apartés dans le couloir avant une réunion ou les contre-soirées dans la cuisine. « Nous » nous sommes « assises » dans un canapé 3 places imaginaire et nous avons bavardé pendant une heure. Nos vingt ans d’amitié résistent à un environnement virtuel. Ce nouveau programme s’appelle, évidemment, High Fidelity.
Image par Bruno /Germany de Pixabay
Ping : Un café et ça repart - Caroline Leblanc