Quand il est devenu possible de recevoir la deuxième (la seconde ?) dose du vaccin à trois semaines de la première dose, je me suis connectée pour remplacer mon rendez-vous initial. J’avais apprécié le fait de me rendre au Stade de France où j’avais vu Beyoncé sur scène. J’avais observé, avec un regard mi-amusé mi-critique, l’organisation du vaccinodrome. Mais pour le match retour, j’ai privilégié un lieu plus près de chez moi, j’ai choisi de jouer à domicile.
Samedi dernier, j’ai pris le métro en direction d’un gymnase du 19e arrondissement. Je suis arrivée en avance. Avec l’expérience de la première dose, je savais qu’ils ne vérifieraient pas l’heure exacte de mon rendez-vous. Une nouvelle fois, j’ai pris ma place derrière quelques personnes sous la pluie devant un immeuble de brique et d’acier. Mais l’attente était brève et je suis vite entrée dans le local. Dans l’entrée, posters et affiches promouvaient l’inscription à des cours de boxe ou de gym.
La piste de basketball est devenue un vaccinodrome. Les gradins au-dessus étaient vides. Face à moi, l’accueil pour confirmer nos rendez-vous. Derrière, les box où les vaccins sont administrés, dans deux rangées placées sur le parquet de la salle. À gauche, une file de futurs vaccinés. À droite, la zone d’observation et la sortie. Un usage de l’espace digne des meilleurs coachs de sports collectifs.
J’ai confirmé mon identité à une jeune femme puis j’ai pris ma place dans la queue. Il y avait une quinzaine de personnes devant moi. Le temps de préparer ma carte vitale, le certificat de la première dose, de voir deux personnes handicapées ou âgées bénéficier d’un coupe-file. Derrière moi, j’ai capturé du regard des photos des équipes locales de basketball. Personne ne parlait, nous laissions sécher nos parapluies. Une infirmière avec un voile blanc sur les cheveux et un masque de la même couleur m’a fait signe et j’ai rejoins le box de vaccination. J’ai répondu aux questions de la médecin, puis l’infirmière m’a administré ma deuxième injection de vaccin. Un binôme féminin tel un symbole. Je les ai remerciées toutes les deux.
J’ai remis ma veste une fois dans la zone d’observation. Par les portes grandes ouvertes, j’entendais tomber la pluie. Deux enfants jouaient alors que leurs parents attendaient leurs certificats de vaccination. Une femme imprimait les documents puis les distribuait. Pas de bingo du vaccin cette fois-ci, pas de micro pour se faire entendre. J’ai patienté quinze minutes et j’ai reçu le précieux sésame.
Le match retour a duré moins longtemps qu’une mi-temps de football. Parfois, les lieux dédiés aux amateurs font le job aussi bien que ceux dédiés aux professionnels. Small is beautiful. Je suis sortie sous la pluie pour reprendre le métro, le sourire masqué que j’avais adressée à toutes les personnes du centre de vaccination encore sur le visage.
Image par Michael Gaida de Pixabay