Le mot tapa signifie couvercle en espagnol. Il a donné son nom aux tapas, ces petits plats contenant olives, anchois ou portion de tortilla, qui recouvraient les verres de bière ou de vin et qui sont devenus une gastronomie à part entière depuis longtemps, figurant aux menus des bars et restaurants et attendus par les convives.
Début août, j’ai atterri à Barcelone. Un début août plus frais que d’habitude. Un été placé sous le signe de la pandémie : les masques portés dans les transports et dans les magasins, les conversations sur les vaccins, le couvre-feu entre 1 h et 6 h du matin dans une ville qui ne dort pas (beaucoup). Mais comme les assiettes de tapas, la capitale catalane contient des classiques indémodables et j’ai savouré la ville et ses alentours comme une succession de délicieux apéritifs.
Le train de l’aéroport m’a conduit jusqu’à la station de Clot-Aragò. Le ticket T-Casual acheté début 2020 contenait encore quelques trajets. L’aiguille des secondes de l’horloge du quai n°2 de la gare tournait encore dans le sens contraire, comme pour affirmer que parfois le temps se rembobine. J’ai marché en direction de mon hôtel, à mi-chemin entre mon ancien appartement et la plage de Poblenou. Les perruches vertes chantaient dans les palmiers du parc del Clot et le long de l’avinguda Diagonal.
La Méditerranée m’attendait sur les plages de Poblenou, de Badalona, de Casteldefells ou de Sitges. Et pas seulement le sable et la mer, mais aussi mes anciennes habitudes. Prendre le petit-déjeuner sur la terrasse du café uruguayen à côté de la gare de Casteldefells. Plonger dans les eaux vertes et bleues et me laisser flotter le visage tourné vers le ciel. M’arrêter pour un verre en surplomb de la plage de Sant Sebastià à Sitges.
J’ai inhalé à pleins poumons la pinède du parc du Guinardó dont les pentes serpentaient vers les hauteurs. Mes pas me guidaient avec plus de certitude qu’un plan, avec plus de certitude que mes souvenirs. La mémoire dans la peau écrirait Robert Ludlum. La ville et la mer se laissaient admirer depuis les anciens bunkers de la protection aérienne en haut du turó (montagne) de la Rovira.
Les supporteurs du Barça discutaient du départ de Messi aux terrasses des bars.
Les musiciens de rue chantaient pour les touristes –principalement des Italiens et des Français– autour de la cathédrale. Sous les murs de pierre de l’archevêché je me suis souvenue de tous les vendredis soirs où ma chorale faisait de cette place une salle de concert.
Plus précieux que les meilleurs menus gastronomiques, j’ai passé du temps avec mes amis barcelonais, en majorité encore à Barcelone avant des départs en vacances. Du petit-déjeuner au dîner, en passant par les matinées à la plage, tout a été occasion de se voir, de bavarder en espagnol, en catalan ou en français, et de reprendre le fil de nos conversations. Leur présence, plus que le juillet désenchanté parisien, expliquait mon retour.
Je n’ai pas épuisé ce que la ville peut m’offrir. Je reviendrai, mi-touriste mi-locale. Il me reste des choses à voir à Barcelone. J’ai visité une des maisons imaginées par Gaudí ouverte au public depuis sa restauration en 2017. D’autres lieux m’attendent encore. Il me reste des choses à faire à Barcelone. Chanter dans la Sagrada Família.
Les petites assiettes des tapas sont souvent les meilleures car elles contiennent l’essentiel. Ce séjour à Barcelone, aussi.