J’ai croisé des graffeurs sur le tracé de Paris Plages dessinant des lettres multicolores, bombes de peinture à la main. Leurs masques les protégeaient des solvants qui flottaient dans l’air. J’ai admiré l’hommage des Valenciens Pichi & Avo à la mythologie grecque. Ils ont peint Neptune et une naïade sur une façade en travaux du 5e arrondissement et j’ai immédiatement pensé aux statues de Neptune et de la déesse Cybèle à Madrid. J’irai explorer le 13e arrondissement dont les tours sont décorées de dizaines de fresques et graffitis.
Je préfère les animaux multicolores de l’artiste parisien qui signe avec un pseudonyme, Lelong. Sa signature graphique est indéniable : peu de couleurs, l’usage maîtrisé de couleurs vives comme le rouge ou l’orange, pour esquisser des animaux sur les murs gris de la ville. Je trouve ses dessins au hasard de mes promenades dans les 11e et 20e arrondissements. Le majestueux cerf qui ornait un immeuble de la rue de Charonne. Un babouin qui crie en rouge et en bleu sur les hauteurs du belvédère de Belleville. Un chat plurichrome qui prend le soleil dans une ruelle proche des Buttes-Chaumont. Un scarabée rue de Montreuil. Un poulpe éphémère qui cherchait un nouvel océan rue de la Roquette vers le Père-Lachaise. Et cet humble moineau cent fois plus grand que les vrais au pied de Notre-Dame de la Croix de Ménilmontant. Je les prends en photo à chaque fois, les ajoute à ma collection, à mon tableau de chasse. Si j’en crois le compte Instagram de l’artiste, il me reste encore d’autres animaux à découvrir dans les rues de Paname, tel un safari particulier pour les flâneurs du nord-est parisien. Je ne les cherche pas, je laisse mes balades me conduire à eux.
Pendant quelques semaines, Lelong exposait gratuitement des œuvres et des photos dans les locaux d’une association du 12e arrondissement, la seule exposition dans mon agenda de cet été. J’ai visité la galerie, sur les horaires du déjeuner. J’étais seule. Des oiseaux, un hippopotame, des zèbres, des gnous et des girafes bleus, verts, rouges, jaunes, violets. Les supports utilisés par Lelong varient : des planches de bois, des vieux disques vinyles, une porte en métal. Des pots de crayons de couleur et de feutres posés sur des tables attendaient les enfants qui les utiliseraient. Les œuvres exposées sur les murs proclamaient que certains talents artistiques continuent de grandir. J’ai eu l’impression d’assister à un de ces instants rares que Paris rend possible : des dessins clandestins esquissés sur des murs qui deviennent des œuvres d’art listées dans un catalogue officiel.
J’ai refermé doucement les portes de l’association et je suis repartie par la promenade plantée, l’ancienne voie ferrée transformée en jardin suspendu au-dessus de l’avenue Daumesnil, les yeux et le cœur prêts à être charmés par de nouveaux dessins dans ce safari particulier.
Merci Caroline pour cette nouvelle balade parisienne, cette fois dans le magnifique monde du street art.
Ravie de pouvoir vous amener avec moi 🙂