Le mot janvier trouve son origine dans le dieu Janus, le dieu romain des commencements et des fins, des choix, des clés, des passages et des portes. J’ai franchi le seuil de la nouvelle année en Andalousie. J’ai visité plusieurs villes. Et j’ai photographié beaucoup de portes.
Pour finir ma visite de la cathédrale de Séville, j’ai admiré la cour des orangers, la cour des ablutions de l’ancienne mosquée, avec ses fontaines et son dallage de briques. J’ai respiré l’odeur des fruits ravivée par la pluie. Je suis sortie sous une arche musulmane ornée d’une représentation de Jésus et des apôtres.
À Cadix, je me suis arrêtée pour photographier le passage étroit sur la route du phare San Sebastián dont le fronton indique La Caleta, le nom de la petite plage voisine du nord de la vieille ville, comme une invitation à s’assoir sur le sable fin avec un livre dans les mains.
J’ai grimpé les escaliers qui menaient à une porte de l’ancienne cité musulmane à Medina Sidonia, ville blanche cramponnée sur un éperon rocheux. J’ai pu découvrir la vue imprenable sur la baie de Cadix et sur la campagne environnante, les plantations d’oliviers et d’amandiers.
À côté de Tarifa, j’ai exploré les ruines de la ville romaine de Baelo Claudia. Les portes délimitaient un espace urbain organisé avec minutie par les Romains : le port, les ateliers de transformation des poissons en garum, cette sauce qui accompagnait tous les plats, le forum, les temples des différents dieux et déesses, le théâtre, les résidences et les commerces.
À Tarifa, une ancienne porte de l’époque d’Al Andalus marquait un accès du centre-ville historique et une autre, l’entrée d’un restaurant nommé Almedina (la ville, en arabe). Devant la porte qui fermait l’accès à la isla de las palomas (l’île des colombes), je me suis située pour un instant sur la carte du monde. Au nord, l’Europe. Au sud, l’Afrique, de l’autre côté du détroit de Gibraltar. À l’est, la Méditerranée. À l’ouest, l’Atlantique.
Les portes deviennent des frontières. Les noms des villes comme Jerez de la frontera, Chiclana de la frontera, Arcos de la frontera, etc. déclarent que les frontières entre les royaumes chrétiens et les royaumes musulmans se dressaient là. La ville La Línea de la Concepción (La Ligne de la Conception) doit son origine aux fortifications érigées devant la britannique Gibraltar. Et si le terme de triple frontière désigne la frontière entre l’Argentine, le Brésil et le Paraguay, j’étais face à une autre triple frontière, une frontière imbriquant l’Espagne, le Maroc et le Royaume-Uni.
La première photo de mon séjour andalou a été celle d’une promenade à Séville baptisée Alameda de Hércules (la promenade d’Hercule). Les Grecs et les Romains avaient nommé colonnes d’Hercule les deux montagnes qui se font face des deux côtés du détroit, Gibraltar et Djebel Moussa. La légende dit que le héros mythologique aurait cassé une montagne en deux et ouvert l’accès entre la Méditerranée et l’Atlantique. Séville et l’Espagne ont choisi les colonnes d’Hercule comme symbole car pendant longtemps les cartes se finissaient dans l’Atlantique et personne n’imaginait un autre continent plus à l’ouest, cette Amérique qui ferait la fortune de la capitale andalouse et de la couronne espagnole. Mais si j’aime la Alameda de Hércules, ce n’est pas pour son nom mais à cause des cafés et des restaurants qui bordent la promenade, des passants qui promènent leurs chiens (et un cochon) et du petit marché de Noël. Un lieu agréable où manger un morceau avant de chercher d’autres portes à photographier.
Pour celles et ceux qui aiment ce type de lecture : mon bilan d’écriture en 2021
Bonjour Caroline Merci pour ce magnifique texte un guide de voyage je pense que ma prochaine destination de voyage sera en Andalousie Je vous souhaite mes meilleurs voeux et une très bonne santé
Yannis
Merci beaucoup Yannis. Ravie de vous avoir permis de voyager le temps de cette lecture. Très belle année 2022 et puisse-t-elle vous amener en Andalousie pour un voyage, la région est magnifique.