Le 21 mars 2016 partait le 1er email de ce qui serait Lettres de Barcelone. 6 ans après, voici l’heure d’entrer dans les coulisses.
Comment les lettres ont démarré ?
La 1ère lettre date de mars 2016. Je venais de m’installer à Barcelone et souhaitais donner des nouvelles à mes proches dans un email unique. Un premier email, un deuxième, un troisième… Très vite le format s’est consolidé : un texte court (500 à 550 mots, soit une page dans Microsoft Word), avec un thème et une structure (et si possible, une « chute »). J’écris entre 3 et 5 lettres par mois. Je les envoie par email à une liste d’abonnés et je les publie depuis presqu’un an sur mon blog.
Pourquoi ce format ?
J’appartiens à une génération qui a reçu et écrit des lettres et des cartes postales, avant l’arrivée des smartphones qui ont rendu l’exercice épistolaire un peu désuet (un WhatsApp avec une photo remplace très bien une carte postale, un email une lettre). Encore très récemment, je partais en voyage avec mon carnet d’adresse (ou utilisais celui de Google Contacts) pour envoyer des cartes postales par dizaines.
Quels auteurs ont été des sources d’inspiration ?
J’ai été inspirée par des écrivains expatriés comme Bill Bryson avec son Notes From A Big Country: Journey into the American Dream (VF : American rigolos: Chroniques d’un grand pays) ou les Cuba Diaries d’Isadora Tattlin (VF : non traduit). Bill Bryson, essayiste et écrivain, marié avec une Anglaise et résident au Royaume-Uni depuis presque 20 ans, retourne vivre dans son pays natal, les États-Unis, et chronique ses expériences quotidiennes avec humour. Isadora Tattlin, Américaine elle aussi, mariée à un diplomate européen, décrit sa vie de tous les jours, les pénuries, la censure, etc. dans la Havane du début des années 1990.
Quels sont les thèmes traités ?
J’essaye de varier les thèmes et les lettres ne sont pas autobiographiques même si je parle de ma vie actuelle et de mes souvenirs. À Barcelone, je décrivais mon installation et les habitudes de la vie locale. Depuis mon retour à Paris, j’essaye de conserver cet œil d’expatrié pour partager des anecdotes de mon quotidien. Les livres que je lis, des voyages, un soupçon de politique, des matchs de football, de la musique… sont autant de points de départ. J’aime aussi mélanger des sujets qui n’ont pas grand-chose en commun en apparence.
Quels sont les lieux où j’écris ?
À Barcelone, j’écrivais le plus souvent le dimanche matin dans un café du quartier de Sant Antoni entourée d’un groupe d’écrivains amateurs. Les deux heures du rendez-vous me servaient à composer la lettre de la semaine. À Paris, j’écris chez moi (virus oblige), même si j’avais trouvé un café japonais rue Sainte-Anne qui était le digne successeur de son cousin barcelonais : j’avais remplacé le café au lait et le croissant par un thé vert et un financier au thé matcha.
Quel est mon processus d’écriture ?
Idéalement, j’avance par itérations, quelques idées sur les notes de mon téléphone, puis un document Word sur l’ordinateur, une autre séance d’écriture, etc. Jusqu’à être satisfaite du résultat. Mais je peux aussi commencer à écrire le mercredi soir avant l’envoi de la lettre de la semaine… Le temps passé par texte est très variable, d’une trentaine de minutes pour les plus « évidents » jusqu’à plusieurs heures. Il y a rarement un lien entre le temps consacré à écrire un texte et l’impact qu’il a sur les lecteurs !
Que deviennent les lettres ?
La série de lettres consacrée à Barcelone a été revue, relue et publiée dans un livre que j’ai aussi traduit en espagnol. Il en sera de même pour celles consacrées à Paris. Un jour…
En quoi les lettres m’ont changé ?
Être lue est une vraie joie et avec l’immédiateté des lettres, je sais ce qui touche mes lecteurs (ou pas). Publier régulièrement renforce mon identité d’écrivain (et combat le syndrome de l’imposteur). Mais, de façon plus profonde, écrire ces récits m’a changée. Je note des détails de mon quotidien en me disant que cela pourra être une histoire à raconter. Je fais des recherches additionnelles sur Wikipédia ou dans les journaux. J’accepte une invitation ou poursuis une conversation en pensant qu’elle alimentera peut-être une prochaine lettre. Je savoure les petits plaisirs de la vie et je les capture avec des mots. Ailleurs est au bout de la rue. Mes souvenirs sont toujours avec moi. Nous pouvons tous être des héros.
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