[Les coulisses : 3 raisons de faire de votre expatriation un livre]

Carine Poirier, romancière et bloggeuse, avait encouragé de nombreux voyageurs à partager leurs expériences de voyages dans un livre et j’avais souhaité ajouter 3 raisons d’écrire à destination des expatriés : quotidien, temps et perspective. Cet article a été originellement publié sur l’ancien blog de Carine, Lavoyageothèque.com.

Raison n°1 : le quotidien

En tant qu’expatrié, vous avez un quotidien que le voyageur n’a pas. Vous habitez dans un logement permanent, vous travaillez et vous avez très probablement accompli des démarches administratives liées à votre installation.

Non seulement vous allez au supermarché et dans les cafés et restaurants, mais vous fréquentez aussi le coiffeur du coin de la rue, la boulangerie, le centre de santé, la bibliothèque municipale, etc. Vous connaissez le plan de la ville, en voiture ou en transports en commun, comme celui de votre ville natale. De plus, si vous êtes parti accompagné, votre conjoint et/ou vos enfants ont un quotidien eux aussi : travail, école, hobbies, etc.

Écrivez sur les fonctionnaires, sur vos collègues, sur vos voisins, sur les profs, sur les commerces de votre quartier. Un rendez-vous chez le dentiste ou l’installation d’Internet dans votre appartement peut devenir une aventure. 

Peu à peu, vous irez plus en profondeur qu’un voyageur ne le pourrait.

Quels aspects du quotidien vous étonnent le plus ? Quels sont vos lieux préférés, ceux qui ne sont pas dans les guides touristiques ? Quelles relations avez-vous commencé à construire avec vos voisins et collègues ? À quel moment avez-vous regardé un ancien parfait inconnu et réalisé que vous aviez gagné un ami ?

Si votre lieu de résidence est une scène de théâtre, vous avez un accès privilégié au casting et aux acteurs et aux répétitions et aux coulisses… tout ce que le public des voyageurs ne peut pas découvrir.

Pour ceux qui se prêtent à l’exercice, je ne vois qu’un risque : la répétition. Plus vous resterez longtemps, plus vos expériences auront une certaine récurrence… épargnez donc à vos lecteurs la narration de votre 4e pique-nique au parc, le 3e week-end à la montagne toute proche ou votre barbecue hebdomadaire avec les voisins. 

Raison n°2 : le temps

Contrairement à un voyage (de quelques jours, quelques semaines, voire quelques mois pour les chanceux), vous êtes installé au même endroit. Vous avez le temps de découvrir votre environnement et vous avez le temps d’écrire. Et vous avez le temps de changer.

Au début, vous pourrez retranscrire l’étonnement et les découvertes, comme pourrait le faire un voyageur. Tout sera neuf, tout sera différent, tout sera digne d’attention.

Parlez des saisons, des fêtes. À quoi ressemble votre nouveau chez vous lors des fêtes de fin d’année, au cœur de l’hiver, au printemps ? Quels sont les rituels et les habitudes ?

Explorez des endroits peu connus des voyageurs, construisez des relations plus profondes, apprenez la langue locale ou tout du moins des rudiments… et racontez ces expériences à vos lecteurs.

Mais le temps va surtout transformer votre perception des gens et du lieu.

Mais le temps va surtout vous transformer, vous.

Vous avez là une occasion unique de capturer l’effet du temps qui passe depuis le clap de début que marque votre déménagement. Qu’avez-vous appris ? Avez-vous changé ? Et, si vous êtes venu accompagné, comment les membres de votre famille ont-ils changé, eux aussi ?

Si un voyage est un instantané, l’expatriation est un film.

Partagez cette expérience si particulière de se voir changer dans un même lieu.

Raison n°3 : la perspective

Vous avez une perspective unique. Pourquoi ? Car vous êtes un hybride, mi-voyageur, mi-local.

Les locaux sont dans leur élément, ils n’ont pas forcément de recul, tels des poissons qui ne savent pas qu’ils nagent et respirent dans un liquide.

Vous êtes comme une personne bilingue au milieu de personnes qui ne parleraient qu’une seule langue. Vous disposez de deux langues, de deux manières d’exprimer les choses. Vous pouvez toujours contraster les deux et noter les ressemblances et les différences.

Dans cette comparaison, il ne s’agit pas d’évaluer ou de chercher un « mieux », mais de mettre en valeur d’autres manières de vivre et de penser, de transmettre votre goût des autres et de votre lieu d’adoption. Votre regard est différent. J’en suis persuadée. Faites preuve de bienveillance et de volonté de comprendre et vous ne pourrez pas vous tromper.

Partagez avec vos lecteurs ce que vous remarquez. Les locaux s’étonneront de ce que vous mettez en avant. Vos compatriotes, de l’autre côté de la frontière, se féliciteront d’avoir trouvé en vous un bon interprète.

Écrivez.

Si possible dès le début de votre expatriation. Si vous n’avez pas commencé tout de suite, il n’est pas trop tard. Vous avez le temps.

Saisissez votre quotidien, observez ce qu’il se passe autour de vous. Et commencez à écrire. Si besoin, des amis de passage ou des expatriés plus récemment arrivés raviveront votre étonnement des débuts.

Écrivez.

Peut-être quelques lignes d’accompagnement à vos photos, lors d’envoi de cartes de vœux, sur les réseaux sociaux. Utilisez les différents moyens à votre disposition.

Écrivez.

Expatriée à Barcelone, j’envoyais une lettre par semaine à mes proches. Ces e-mails, devenus le livre Lettres de Barcelone, sont construits sur ces 3 atouts : mon quotidien, du temps, et ma perspective changeante sur la ville et sur ma vie.

Mais, plus fondamentalement, écrire avec régularité a changé mon expatriation.

Combien de fois, au moment d’accepter une invitation, de me rendre dans un endroit nouveau ou d’engager une conversation avec un(e) inconnu(e), ai-je pensé que cela pourrait me donner un sujet pour ma prochaine lettre ?

Jour après jour, je construisais ma Barcelone, faite de souvenirs et de mots, celle qu’un jour, j’emporterais avec moi.


Pour lire plus loin : les guides de voyage Les Pintades, disponibles pour plusieurs villes du monde (New York, Madrid, Beyrouth…) ont été écrits par des expatriés. Et cela se sent !  

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6 réflexions sur “[Les coulisses : 3 raisons de faire de votre expatriation un livre]”

  1. C’est vrai que le statut d’expatrié est particulier. Même si je ne l’ai vécu que (deux fois) quatre mois, je ressens la véracité de ces trois points. Peut-être écrirai-je un jour un livre sur Hawaï. J’ai tellement de traces écrites et de photos que ce serait toujours faisable. Sans oublier que j’ai d’autant plus de recul maintenant sur ce que ça m’a apporté… Après tout, il est bien vrai que le temps nous change!

  2. Bonjour Amandine !
    Je ne peux que t’inciter à te lancer dans cette aventure ! C’est aussi très riche d’enseignements, autant que le voyage (ou l’expatriation) et quelle fierté de voir naître son propre livre !

  3. expatrié depuis plus de 10 ans en Bulgarie je n’avais jamais pensé à cette possibilité…
    Merci pour cette idée !
    Effectivement le simple fait d’écrire permet de prendre de la distance et de ne plus négliger aucune de nos deux moitiés « voyageur » et « local »…
    Maintenant il faut s’y mettre !

  4. Bonjour Martin 🙂
    Allez, au clavier ! ou à ton stylo… comme tu préfères.
    La Bulgarie est un pays que très peu de gens connaissent. Je suis certaine que ton expérience, à la fois du pays et de l’expatriation, intéresserait beaucoup de monde. 10 ans ! Tu dois en avoir des choses à raconter ! J’aimerais vraiment te lire 🙂

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