Les variants du virus se succèdent. Nu aurait été prononcé new en anglais. Xi aurait pu vexer certains dirigeants. Omicron a été retenu. Que fera-t-on quand toutes les lettres grecques auront été utilisées, de l’alpha à l’omega ? Les Grecs ne regretteront pas un jour l’usage de leur alphabet, celui de la science, comme les femmes ont critiqué l’usage de prénoms exclusivement féminins pour les cyclones et les tempêtes ?
Les chiffres des contaminations s’affichent sur nos écrans et dans la vie quotidienne. « Ma sœur a le Covid » me disent trois collègues le même jour. « Je fais un test PCR demain avant le réveillon » me disent deux collègues. « Je suis sous ma couette avec le Covid » m’écrit une copine. « Nous avons eu un cluster au cabinet il y a deux semaines » se confie un fournisseur.
La chorale de gospel de Barcelone a suspendu les concerts et les répétitions pour la première fois depuis quatorze mois « par précaution ».
Je fronce le regard devant chaque personne que je croise sans masque ou avec un masque mal porté.
La Belgique ferme musées et cinémas. Les Pays-Bas sont en lockdown. Le Danemark ou un autre pays scandinave où les températures sont négatives en hiver interdit l’intérieur des restaurants. Les masques redeviennent obligatoires dans les rues espagnoles. Boris Johnson explique qu’un apéritif vin et fromages avec 20 personnes au milieu d’un confinement strict est une réunion de travail dans le jardin de Downing Street.
Le dictionnaire Larousse définit le déjà-vu comme un « trouble de la mémoire donnant au sujet l’impression soudaine et intense d’avoir déjà vécu dans le passé la situation présente » et, de manière plus familière « ce qui n’est pas nouveau, ce qui est banal, sans originalité. »
Je souffre de déjà-vu. Mais je tente de le combattre. De jouer au jeu des 7 différences. De me souvenir des vaccins et des traitements. De notre résilience individuelle et collective. De nos sacrifices. De la chance que j’aie (de mes multiples chances). Des défis nombreux –infiniment plus nombreux– qui nous attendent.
Et si les jours commençaient à se ressembler dans une grande spirale, je suivrai ma bonne étoile. Je prendrai des photos de ce qui est beau, de ce qui brille. Tels les navigateurs dans des déserts d’eau ou de sable, j’écrirai dans mon journal de bord. Je complèterai ma liste de choses que j’aime, un trésor plus précieux que mes listes pour le Père Noël. Je parlerai avec mes amis et ma famille. Et je trouverai mon antidote au déjà-vu : au lieu de regarder le monde et de me dire qu’aujourd’hui tout se ressemble, j’agirai pour que demain soit différent.
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Magnifique ce texte, Caroline. Je te souhaite de belles fêtes de fin d’année et beaucoup se nouveautés.
Merci Mirelle. Très joyeuses fêtes également & rdv en 2022 pour de nouvelles discussions et nouvelles lectures croisées (je vais lire Perception pendant mes vacances) 🙂