Le cours de dessin

Quand nous étions au collège, ma sœur finissait les dessins que je devais rendre au professeur d’arts plastiques quelques jours plus tard. Je considérais que je n’avais pas le niveau suffisant, alors que Lau prenait des cours de dessin tous les mercredis, dessinait beaucoup et avait un talent incontestable.

Carol Dweck, professeure de psychologie à l’université Stanford, a développé les concepts de growth mindset (l’état d’esprit de développement, dans la traduction française) et de fixed mindset (l’état d’esprit fixe). Les deux mindsets sont des croyances, conscientes ou inconscientes. Les personnes qui ont un growth mindset pensent qu’elles peuvent développer leur intelligence, leurs qualités, leurs traits de caractère. Celles qui ont un fixed mindset imaginent, au contraire, qu’il y a des bornes à leur intelligence, leurs qualités, etc. J’ai lu le livre de Carol Dweck. Je suis convaincue que le growth mindset permet de continuer d’apprendre, de ne pas fuir les difficultés, de progresser. Et pourtant, j’affirmais ne pas savoir dessiner et, pire, être mauvaise en dessin. 

Depuis trois semaines, je suis un cours de dessin en ligne, conçu comme une suite de défis par un graphiste et illustrateur. Le cours n’est pas focalisé sur des techniques particulières, mais vise plutôt à éveiller la créativité à travers les différents exercices, à rappeler que « nous savons tous dessiner. » 

Je n’avais pas dessiné depuis la fin du collège. J’ai retrouvé le crissement des crayons sur le papier, l’odeur des feutres, le toucher de la gomme. J’ai esquissé des animaux -chats, perruches, ratons-laveurs, dinosaures-, dessiné des yeux et des mains, découpé une fleur de lotus dans un emballage en carton, tenté de représenter un avion ou un casque audio, approximé différents styles -même si je n’arrive pas toujours à discerner entre cubiste et surréaliste-. J’ai utilisé quelques bribes de mes cours de dessin de primaire et du collège, comme le fait de d’abord réduire ce que je dessine à des formes plus simples.

Le monde a changé. Internet contient des milliers de pas à pas (tutoriels) pour apprendre à dessiner un objet, une personne ou une scène avec des explications et des modèles. J’ai changé. Ma tolérance à l’imperfection surpasse celle dont je disposais gamine. Je me moque plus facilement de moi-même, je recommence ou à j’accepte un dessin différent de ce que je visais initialement. Les mots « c’est moche » n’ont plus leur place. Dans ma tête, alors que je dessinais un peu tous les jours en janvier, les voix qui disaient « je suis nulle en dessin » ou « c’est Lau qui a un bon coup de crayon » se sont tues, remplacées par une autre bande-son, des phrases comme « n’ai-je pas une arrière-grand-mère qui a fait les Beaux-Arts ? » ou « je progresse ».

J’ai été frappée -alors que cela aurait dû être une évidence- par les nombreux parallèles avec l’écriture. Partir d’une page blanche, travailler sur la structure d’ensemble, faire un brouillon, corriger, effacer, peaufiner, recommencer, prendre confiance, m’amuser.

Image by StockSnap from Pixabay

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