J’étais au lycée quand j’ai lu Orgueil et préjugés de Jane Austen (en français, je lirai la VO [Pride and prejudice] quelques années plus tard). Ma sœur l’avait reçu en cadeau, apprécié, et le conseillait à toute notre bande de copines.
Ma lecture devait être un peu distraite car, comme Elizabeth Bennett, j’ouvrais de grands yeux étonnés quand Mr Darcy amorçait sa déclaration passionnée pour l’héroïne dans la scène centrale du roman « En vain ai-je lutté… ».
Depuis, j’ai relu et savouré ce classique qui est à la fois une histoire d’amour, une description sociologique des classes les plus aisées de la société britannique au début du 19e siècle, un microcosme fascinant, un trésor d’humour et d’observation sur la nature humaine, etc.
Avec les années, j’ai lu d’autres romans inspirés directement par Orgueil et préjugés ou dont les intrigues sont voisines. En voici quelques uns. Les connaissez-vous ? Quels sont vos préférés ?
Modernes
1. Le journal de Bridget Jones [Bridget Jones’ Diary] Helen Fielding
Presque trente ans, Bridget Jones consigne ses déboires amoureux dans son journal. Elle sort trop, fume trop, boit trop, compte les calories et fantasme sur son play-boy de patron. Sa hantise : finir vieille fille. Ses objectifs : perdre du poids et trouver son prince charmant. L’irrésistible confession de la célibataire la plus célèbre de la planète. (source : Amazon)
Helen Fielding a commencé à écrire le journal de l’hilarante Bridget Jones dans la presse et elle s’inspire largement d’Orgueil et Préjugés pour son intrigue. Mark Darcy, l’avocat hautain que Bridget ne cesse de croiser, est d’ailleurs interprété dans le film par Colin Firth… qui a joué Mr (Fitzwilliam) Darcy dans l’adaptation du livre par la BBC en 1995, confirmant ainsi le lien entre les deux œuvres.
2. Un bon parti [Eligible] Curtis Sittenfeld
Toutes les mères de famille de Cincinnati sont dans les starting-blocks : le célèbre Chip Bingley vient de s’installer en ville. Ex-participant d’une émission de téléréalité, il est beau, médecin, riche et CÉLIBATAIRE. Le parti idéal. (source : Amazon)
Une « fanfiction » assumée d’Orgueil et préjugés à Cincinnati dans les années 2010. Délicieux, drôle, et plein de trouvailles. Curtis Sittenfeld réussit à moderniser les personnages et les situations tout en gardant quasi intacts l’intrigue et les ressorts narratifs de l’original.
3. Le club Jane Austen [The Jane Austen bookclub] Karen Joy Fowler
La Californie, par un été caniculaire. Les grandes et les petites histoires d’un club singulier qui compte six membres. Soit un pour chaque livre de Jane Austen. Car, comme d’autres jouent au bridge, cinq femmes et un homme se rencontrent régulièrement autour de l’œuvre de la plus grande romancière anglaise. (source : Amazon)
Un club de lecture, Jane Austen et six protagonistes. Un bonbon.
4. Orgueil et Préjugés et Zombies [Pride and prejudice and zombies] Seth Grahame-Smith
Pour la famille Bennet, qui compte cinq filles à marier, l’arrivée de deux jeunes et riches célibataires dans le voisinage est une aubaine : enfin, des cœurs à prendre, et des bras supplémentaires pour repousser les zombies qui prolifèrent dans la région ! Mais le sombre Mr Darcy saura-t-il vaincre le mépris d’Elizabeth, et son ardeur au combat ? Les innommables auront-ils raison de l’entraînement des demoiselles Bennet ? Les sœurs de Mr Bingley parviendront-elles à le dissuader de déclarer ses sentiments à Jane ? Surtout, le chef-d’œuvre de Jane Austen peut-il survivre à une attaque de morts-vivants ?
Parti pris artistique d’un mash-up entre deux genres littéraires. Divertissant (mais j’ai préféré le film).
19e siècle (ou presque)
5. Martín Rivas [non traduit en français] Alberto Blest Gana
Publiée en 1862, ce classique de la littérature chilienne met en scène un héros, Martín Rivas, étudiant en droit d’un milieu très modeste, et Leonor, la fille de l’aristocratique famille Encina. Une inversion totale par rapport aux héros d’Orgueil et préjugés, avec Leonor reprenant les traits de personnalité de Mr Darcy et Martín ceux d’Elizabeth Bennett. Alberto Blest Gana aurait lu le roman de Jane Austen avant d’écrire le sien… et je conseille vivement la lecture pour les hispanophones.
6. Eugène Oneguine Alexandre Pouchkine
L’héroïne, Tatiana, tombe amoureuse d’un héros byronien, qui tue en duel le fiancé de la sœur de celle-ci. Les années passent, Onéguine revient, découvre qu’il aime passionnément Tatiana, maintenant mariée ; elle l’aime aussi ; que choisira-t-elle? (source : Babelio)
Un roman en vers que je n’ai jamais fini. J’avais lu que quelques critiques littéraires pensent que Pouchkine aurait lu une traduction d’Orgueil et préjugés (en français ?) et s’en serait inspiré pour construire son intrigue.
7. Nord et Sud [North and South] Elizabeth Gaskell
Après une enfance passée dans un village riant du Hampshire, Margaret Hale, fille de pasteur, s’installe dans une ville du Nord. Témoin des luttes entre ouvriers et patrons, sa conscience sociale s’éveille. John Thornton, propriétaire d’une filature, incarne tout ce qu’elle déteste : l’industrie, l’argent et l’ambition. Malgré une hostilité affichée, John tombera sous son charme. (source : Amazon)
Orgueil et préjugés et la Révolution industrielle. Avec des parallèles entre les deux romans pour les amateurs de Jane Austen : arc narratif, personnages secondaires, qualités et défauts des deux héros, etc. Elizabeth Gaskell a lu Jane Austen mais a écrit un classique qui résiste au passage du temps avec comme toile de fonds les ateliers textiles du nord de l’Angleterre. L’adaptation de la BBC de 2003 est fabuleuse également.
8. Jeu de société [Nice work] David Lodge
Que se passe-t-il lorsqu’une sémiologue rencontre le directeur d’une entreprise de métallurgie? C’est le duo imaginé par David Lodge dans Jeu de société. Derrière l’étonnante alliance des contraires, Lodge interroge la société anglaise et son obsession des classes. Subvertissant le modèle du roman social par l’humour, Lodge tisse une comédie intelligente et irrésistible. (source : Amazon)
La transposition de Nord et sud dans l’Angleterre de Margaret Thatcher proposée par David Lodge. À lire pour l’humour de l’auteur et la joie de comparer l’original à l’adaptation.
9. Shirley Charlotte Brontë
1812. Du fait des guerres napoléoniennes, la province du Yorkshire subit la première dépression industrielle de l’Histoire. Les temps sont durs, aussi bien pour les patrons que pour les ouvriers qui, menacés par l’apparition des machines-outils, fomentent une révolte. Robert Moore est l’un de ces industriels dont les filatures tournent à vide. La timide Caroline, sa cousine, est éprise de lui. Mais Robert est trop préoccupé par les émeutes et les ennuis financiers pour songer à un mariage si peu lucratif. (source : Babelio)
Un délicieux roman, bien moins connu que Jane Eyre, avec une héroïne, Shirley, plus fascinante et contradictoire que la pâlotte Jane.
10. Au Bonheur des dames Émile Zola
À la fin du XIXe siècle, la lutte s’engage dans Paris entre le petit commerce et les grands magasins. Parmi ces derniers, le Bonheur des Dames, où tout est mis en œuvre pour que la cliente succombe à la tentation de l’achat. Selon le mot du baron Hartmann, le financier de l’histoire, à l’une de ces dames : « Prenez garde, ma chère, il vous mangera toutes. » Il en est une, cependant, qui ne se laisse pas manger : Denise ; une nature d’acier sous ses airs timides. Elle tient bon et, dans ce Bonheur des Dames qui n’avait rien pour faire le sien, effectue une irrésistible ascension, prouvant qu’il est d’autres empires que celui du profit et qu’on les fonde parfois sur un refus. (source : Amazon)
Mon favori dans la série des Rougon-Maquart. Je reste fascinée par les yeux couleur or d’Octave Mouret et par la virtuose plongée dans le monde des grands magasins parisiens.
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