Après le documentaire Get back, j’ai regardé un autre documentaire sorti en 2021 sur Hulu (Disney+ en France), McCartney 3, 2, 1, dans lequel Paul McCartney -toujours très à l’aise pour parler du processus créatif- évoque ses 60 ans de carrière avec le producteur de musique américain Rick Rubin.
J’ai retrouvé beaucoup des conseils pour être (plus) créatif qui étaient apparents dans le documentaire Get back mais Paul McCartney continue la masterclass des Beatles avec de nouveaux axes pour développer notre créativité.
Attitude générale
- Garder la soif d’apprendre
Paul McCartney raconte qu’ils se sont perfectionnés au fur et à mesure. Ainsi, il a appris un nouvel accord (qui finira dans la chanson Michelle) dans un magasin d’instruments de musique de Liverpool, accord qu’il a ensuite appris à George Harrison et à John Lennon.
- Persévérer
La narration que Paul McCartney fait de la carrière des Beatles est celle d’un succès progressif. Ils ont avancé étape par étape. Leurs concerts à Hambourg. Au Royaume Uni, des concerts dans des salles de plus en plus grandes. Il dit qu’ils attendaient d’être n°1 des ventes aux USA pour traverser l’Atlantique. Quelle que soit la taille du public, leur objectif était de maintenir la même qualité et le même professionnalisme.
- Considérer la valeur perçue de l’œuvre/du produit
Le produit que le client a entre les mains doit être qualitatif. Paul McCartney l’illustre avec leurs choix de la 2nde face de leurs singles : une bonne chanson, du même niveau que le single. Il donne aussi l’exemple de la pochette du disque Sgt. Pepper Lonely Heartclub Band : il imaginait le fan rentrant chez lui en bus et auscultant le disque avec les photos et les textes avant de l’écouter à la maison… il fallait quelque chose à la hauteur de ce moment.
- Éviter les regrets
Rick Rubin demande à Paul McCartney s’il a des regrets musicaux. Paul McCartney répond immédiatement “forge ahead” (« continuez ») car “there’s always the next song” (« il y a toujours une nouvelle chanson »).
Trouver l’inspiration
- Avoir un rival
Paul McCartney explique qu’ils ont essayé d’émuler les harmonies vocales des Beach Boys, que c’était une sorte de compétition entre le groupe de Liverpool et celui de la côte ouest des USA. Et, même s’il ne l’évoque pas explicitement dans le documentaire, l’émulation principale était au sein des Beatles, entre John Lennon et lui qui cherchaient en permanence à écrire le prochain succès du groupe, émulation à laquelle s’ajouterait George Harrison.
- Chercher l’inspiration dans l’art
Une autre source d’inspiration qu’ils utilisaient était l’art. Paul McCartney cite ainsi Alice au pays des merveilles et le chat de Cheshire derrière une chanson comme Lucy in the sky with diamonds. Il rit que certaines expression décalées et poétiques de Ringo Starr, comme Hard day’s night, soient rentrées dans le vocabulaire courant.
- Mélanger deux créations
Little help from my friends juxtapose deux chansons différentes, rejointes en une seule. While my guitar gently weeps comporte deux lignes musicales, seule de la mélodie principale et celle de la basse.
- Réagir/répondre à des créations qui existent déjà
Paul McCartney explique que certaines de leurs chansons sont des réponses à d’autres chansons. Ils ont écrit Michelle en réponse au Milord d’Edith Piaf ou Back in the USSR en réponse au Back in the USA de Chuck Berry. Il confie que Come together est née du ralentissement du rythme d’une autre chanson de Chuck Berry que John Lennon appréciait.
- Se mettre dans la peau d’un alter ego
Les Beatles ont imaginé Sgt. Pepper Lonely Heartclub Band comme l’album d’un autre groupe. Ils n’ont pris un pseudonyme comme Romain Gary ou J.K. Rowling… mais dans leur intention créative, ils se réinventaient.
- Croire dans les muses
Paul McCartney explique qu’il s’est réveillé un matin avec les paroles et la musique de Yesterday en tête. Il pensait que c’était une chanson qu’il avait déjà entendue. Mais après vérification, il s’agissait bien d’une composition entièrement nouvelle… destinée à devenir un classique des Beatles.
Paul McCartney fêtera ses 80 ans en 2022. Ses cordes vocales ont vieilli. Mais il a gardé le sens du rythme, la maîtrise de la guitare et du piano, et une énergie communicative. La musique conserve. Je ne sais pas si ces derniers documentaires et anthologies ont été réalisés pour des raisons financières (j’imagine que cela joue) mais en l’écoutant en 1969 et en 2021, son attachement à l’héritage musicale des Beatles semble sincère.